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TTFields : deux ans après l'autorisation en France, quel bilan ?
Par le Dr Apolline Monfilliette Djelad (HÔPITAL SALENGRO CHU LILLE - LILLE)
Le glioblastome cérébral est la tumeur cérébrale maligne primitive la plus fréquente chez l’adulte et reste associé à un pronostic sombre, avec une médiane de survie globale entre 12 et 18 mois. Le pilier du traitement repose sur une exérèse chirurgicale la plus large possible, suivie d’une radiochimiothérapie concomitante puis adjuvante par témozolomide.

 

De nombreux traitements ont été évalués afin d’améliorer la prise en charge des patients, sans bénéfice retrouvé sur la survie globale jusque-là. L’étude EF-14, étude de phase III randomisée multicentrique, a évalué les TTFields (Tumor Treating Fields), champs électriques alternés délivrés en continu au moyen d’électrodes
cutanées apposées sur le cuir chevelu, en association à la chimiothérapie adjuvante par témozolomide chez les patients nouvellement diagnostiqués pour un glioblastome supratentoriel.

Il était mis en évidence un gain significatif en survie globale évaluée à 20,9 mois dans le bras expérimental versus 16 mois dans le bras témozolomide seul, tout comme la survie sans progression évaluée à 6,7 mois dans le bras expérimental versus 4 mois dans le bras témozolomide seul. Le dispositif médical permettant de délivrer les TTFields a ainsi obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM) en France en février 2023. Les études menées en vie réelle mettent en évidence une observance satisfaisante au traitement et une qualité de vie préservée.

Les anticorps-drogues conjugués dans les cancers gynécologiques
Par le Pr Jean-Sébastien Frenel (INSTITUT DE CANCÉROLOGIE DE L'OUEST - SAINT-HERBLAIN)
Les anticorps-drogues conjugués font leur entrée en oncogynécologie avec le mirvétuximab soravtansine approuvé dans les cancers de l’ovaire platine résistant exprimant le récepteur au folate.
Il s’agit du premier médicament approuvé depuis 10 ans dans cette situation clinique particulièrement difficile. Un développement clinique intensif est en cours avec des ADC ciblant divers antigènes (FRalpha, Trop2, HER2…), chargés avec différentes chimiothérapies (inhibiteurs de tubuline, de topoisomérases) et ce, dans les cancers de l’ovaire, de l’endomètre et du col utérin. On peut raisonnablement anticiper de nouvelles indications dans les 3 prochaines années. Cette nouvelle classe thérapeutique apporte de nouveaux défis, tels que la compréhension des mécanismes de résistance, l’amélioration de leur profil de tolérance (associant des effets indésirables parfois spécifiques mais s’apparentant aussi parfois à des effets de type chimiothérapie) ainsi que l’identification des biomarqueurs permettant de sélectionner les meilleures répondeuses. Comme d’habitude en oncologie, les essais cliniques actuels remontent les lignes et multiplient les associations. De là à détrôner notre carboplatine-taxol ? Les paris sont lancés.

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