On parle des équipes françaises

Transplantation pour métastases hépatiques de cancer colorectal : un vrai changement dans la stratégie thérapeutique

Résumé : Le traitement standard des métastases hépatiques de cancer colorectal non accessibles à la chirurgie (MHCCR), reposait jusqu’à présent sur la chimiothérapie qui offre un espoir limité de survie à long terme. L’essai randomisé multicentrique TransMet avait pour but de comparer la transplantation hépatique (TH) combinée à la chimiothérapie à la chimiothérapie seule, chez des patients ayant des MHCCR isolées et définiti­vement non résécables. L’objectif principal était la survie à 5 ans. L’essai conclut à la nette supériorité de la TH combinée à la chimiothérapie avec une survie à 5 ans de 73 % vs 9 % pour la chimiothérapie seule.
Malgré un risque de récidive de 72 %, 42 % des patients transplantés sont indemnes de tumeur après 50 mois de suivi et ont un réel potentiel curatif. Ces résultats suggèrent un changement des pratiques en considérant désormais la transplantation chez des malades ayant des métastases purement hépatiques, non accessibles à une chirurgie de résection, qui répondent bien à la chimiothérapie et dont le primitif est réséqué. Ces résultats valident, en outre, la transplantation comme traitement des MHCCR, considérées jusqu’à présent comme une contre-indication à la greffe.

Article original : AdAm R et al., Liver transplantation plus chemotherapy versus chemotherapy alone in patients with permanently unresectable colorectal liver metastases (TransMet): results from a multicentre, open-label, prospective, randomised controlled trial. Lancet, 2024;404:1107-1118.

R. ADAM

La résection chirurgicale est le meilleur traitement des métastases hépatiques de cancer colorectal (MHCCR) car le seul à pouvoir offrir une survie prolongée à long terme et un espoir de guérison. Néanmoins, elle n’est possible que dans 20 à 30% des cas avec une survie de 40-50 % à 5 ans et de 26 % à 10 ans [1][2]. Dans le reste des cas, les malades sont irrésécables au moment du diagnostic mais grace aux progrès de la chimiothérapie, 15-20 % de ces patients vont pouvoir bénéficier d’une résection secondaire du fait de la réduction du volume tumoral initial, avec une survie à 5 ans de 30-40 % [3]. Reste qu’une majorité de patients sont définitivement non résécables et le traitement standard repose sur la chimiothérapie. Malgré une efficacité nettement améliorée des traitements, la survie à 5 ans de ces patients n’excède pas 10 % [4], [5]. C’est dans cette situation que la TH a logiquement été envisagée dans les années 90 pour améliorer les résultats, en réséquant la totalité de la masse tumorale lorsque la maladie était purement hépatique. Les premiers résultats d’une série européenne de 50 patients colligés dans le Registre européen de transplantation hépatique (ELTR) [6] allaient cependant s’avérer décevants avec 18 % de survie à 5 ans ce qui, au vu des 70-80% de survie observés dans les indications classiques de TH, avait conduit, dans les années 2000, à contre-indiquer la TH pour MHCCR dans le contexte du manque d’organes.

Connectez-vous pour consulter l'article dans son intégralité.

Vous êtes abonné(e) identifiez-vous
Pas encore abonné(e) Inscrivez-vous

Inscrivez-vous gratuitement et profitez de tous les sites du groupe Performances médicales

et recevez la revue chez vous