Focus sur l'onco-gériatrie
Chimiothérapie adjuvante chez les patients agés de plus de 70 ans avec un cancer du côlon de stade II ou III
Par
le Dr Claire
Gallois (HÔPITAL EUROPÉEN GEORGES-POMPIDOU - PARIS) et le Dr Anaïs
Jenvrin (HÔPITAL BEAUJON - PARIS)
16 juin 2025
L’âge médian au diagnostic du cancer du côlon (CC) est de 70 ans. Il est donc nécessaire de bien connaitre les particularités de la prise en charge de la population gériatrique dans nos décisions de traitement adjuvant [1].
Traitement adjuvant dans la population générale
Dans le CC de stade III, depuis les résultats de l’essai MOSAIC, la chimiothérapie adjuvante recommandée est une combinaison de fluoropyrimidine et d’oxaliplatine, montrant une diminution du risque de récidive de 23 % par rapport au 5FU seul [2]. L’étude de phase III IDEA a inclus plus de 12 000 patients et comparé la survie sans maladie (SSM) des différents groupes à risque selon la durée de chimiothérapie adjuvante.
Traitement adjuvant dans la population générale
Dans le CC de stade III, depuis les résultats de l’essai MOSAIC, la chimiothérapie adjuvante recommandée est une combinaison de fluoropyrimidine et d’oxaliplatine, montrant une diminution du risque de récidive de 23 % par rapport au 5FU seul [2]. L’étude de phase III IDEA a inclus plus de 12 000 patients et comparé la survie sans maladie (SSM) des différents groupes à risque selon la durée de chimiothérapie adjuvante.
Quels sont les nouveaux axes de recherche spécifiques au sujet âgé en oncologie thoracique ?
Par
le Pr Elisabeth
Quoix (CHU STRASBOURG - STRASBOURG)
[Déclaration de liens d'intérêts]
-
17 février 2025
L’âge médian au diagnostic d’un cancer bronchique est actuellement proche de 70 ans [1]. Ceci est lié à deux facteurs : l’augmentation de l’espérance de vie et celle de l’incidence des cancers avec l’âge. Il y a davantage de non-fumeurs chez les personnes âgées atteintes d’un cancer bronchique primitif, d’autres facteurs de risque ayant pris le pas sur le tabac (qui reste néanmoins un facteur de risque important).
Ainsi, la simple avancée en âge [2], avec la baisse de l’immunosurveillance est un facteur de risque majeur. La répartition par type histologique diffère de celle observée chez les patients plus jeunes. Ainsi, chez les personnes âgées, le type épidermoïde est plus fréquent chez les fumeurs et ex-fumeurs dont la consommation était à base de tabac brun et de cigarettes sans filtre [3].
Il est probable qu’au fil des décennies, lorsque les cohortes de fumeurs âgés auront, toute leur vie, fumé des cigarettes avec filtre et du tabac blond, le sous-type adénocarcinome devienne prédominant comme c’est le cas chez les patients de moins de 70 ans depuis les années 90. Autre différence épidémiologique : les mutations somatiques de l’EGFR sont plus fréquentes chez les personnes âgées [4] ce qui vient renforcer la nécessité absolue de les rechercher à tout âge.
Ainsi, la simple avancée en âge [2], avec la baisse de l’immunosurveillance est un facteur de risque majeur. La répartition par type histologique diffère de celle observée chez les patients plus jeunes. Ainsi, chez les personnes âgées, le type épidermoïde est plus fréquent chez les fumeurs et ex-fumeurs dont la consommation était à base de tabac brun et de cigarettes sans filtre [3].
Il est probable qu’au fil des décennies, lorsque les cohortes de fumeurs âgés auront, toute leur vie, fumé des cigarettes avec filtre et du tabac blond, le sous-type adénocarcinome devienne prédominant comme c’est le cas chez les patients de moins de 70 ans depuis les années 90. Autre différence épidémiologique : les mutations somatiques de l’EGFR sont plus fréquentes chez les personnes âgées [4] ce qui vient renforcer la nécessité absolue de les rechercher à tout âge.
Que penser du rapport HAS sur les signatures moléculaires ?
Par
le Pr Claire
Falandry (HCL - PIERRE-BÉNITE) et le Dr Elisabeth
Carola (GHPSO - CREIL)
29 octobre 2024
La Haute Autorité de Santé a publié en novembre dernier une “actualisation de la population éligible à l’utilisation des signatures génomiques” en limitant l’accès des signatures moléculaires aux patientes atteintes de cancer du sein de stade précoce, sensibles à l’hormonothérapie (RH+), de statut HER2 non surexprimé aux patientes de plus de 70 ans [1].
Cette décision, basée sur les résultats de plusieurs études, dont l’essai ASTER70/GERICO11, scelle l’idée que de tels scores génomiques ne peuvent être considérés en l’état comme des outils d’aide à la décision dans cette population. Néanmoins, elle exclut symboliquement la population âgée – qui représente un tiers des cancers du sein au diagnostic – d’outils de personnalisation des parcours de soins, alors même que leur pronostic est globalement plus péjoratif et les bénéfices observés des avancées thérapeutiques nettement plus faibles que dans la population plus jeune.
Alors que près de 20 000 cancers du sein sont diagnostiqués chaque année après 70 ans en France, il apparaît plus que nécessaire de poursuivre les efforts pour baser les décisions thérapeutiques sur une meilleure connaissance de la biologie tumorale d’une part et de l’hôte d’autre part, au-delà de son âge chronologique.
En tant qu’oncogériatres, nous militons pour que, demain, cette décision de la HAS n’aggrave pas encore les disparités d’accès aux soins qui affectent les patientes les plus âgées, et nous soutenons la poursuite des recherches pour identifier demain la place des signatures génomiques dans l’optimisation de leurs parcours de prise en charge.
Cette décision, basée sur les résultats de plusieurs études, dont l’essai ASTER70/GERICO11, scelle l’idée que de tels scores génomiques ne peuvent être considérés en l’état comme des outils d’aide à la décision dans cette population. Néanmoins, elle exclut symboliquement la population âgée – qui représente un tiers des cancers du sein au diagnostic – d’outils de personnalisation des parcours de soins, alors même que leur pronostic est globalement plus péjoratif et les bénéfices observés des avancées thérapeutiques nettement plus faibles que dans la population plus jeune.
Alors que près de 20 000 cancers du sein sont diagnostiqués chaque année après 70 ans en France, il apparaît plus que nécessaire de poursuivre les efforts pour baser les décisions thérapeutiques sur une meilleure connaissance de la biologie tumorale d’une part et de l’hôte d’autre part, au-delà de son âge chronologique.
En tant qu’oncogériatres, nous militons pour que, demain, cette décision de la HAS n’aggrave pas encore les disparités d’accès aux soins qui affectent les patientes les plus âgées, et nous soutenons la poursuite des recherches pour identifier demain la place des signatures génomiques dans l’optimisation de leurs parcours de prise en charge.