L
e discours médical confère au
médecin une position particulière,
laquelle n’est pas toujours intelligible lors du colloque singulier avec le
patient ou avec son proche. Comme tout
discours, il ordonne les faits dans une
fonction de tri et de normalisation. Il
tend naturellement à la généralisation du
savoir car tout discours vise l’exhaustivité [1]. Il nous faut donc être conscients
de ses limites, et de son caractère éminemment partiel; faute de quoi, la restriction du rôle de médecin à la seule
énonciation d’un discours technique,
réduit le malade à un simple indicateur
de signes. Jean Clavreul nous rappelle
qu’il n’y aurait pas de médecine s’il n’y
avait pas, en amont, une demande du
sujet [1]. C’est un point essentiel de satisfaire cette demande, non seulement pour
le patient mais aussi pour son aidant.
L’aidant familial est identifié dans la
littérature psycho-oncologique comme
other significant ou plus souvent family
caregiver [2]. De nombreuses publications ont démontré que l’aidant est
souvent un co-souffrant plus ou moins
silencieux, qu’il soit le partenaire de vie,
le parent ou l’enfant de la personne traitée pour cancer; lui aussi est affecté par
cet écart entre le discours médical et le
vécu de la maladie [4].
Martina Breuning et al. [5], dans l’article
dont nous vous proposons l’analyse, permet de mieux appréhender quels sont les
affects des aidants et quelles sont leurs
attentes. Ce travail basé sur l’analyse qualitative de verbatim montre l’importance
que revêtent les groupes d’échanges
entre pairs; il montre également que les
affects et attentes des aidants ne sont pas
exactement les mêmes selon que l’aidant
soit le partenaire de vie du patient, le
parent d’un enfant malade ou l’enfant
adulte d’un parent malade.